Après être passée par l’émission Là-bas si j’y suis de Daniel Mermet sur France Inter, la revue Syntone m’a demandé de faire un son avec les enregistrements que j’avais fait durant mon année passée Là-bas.
Cela donne :
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Et puis un article à ce propos dans Syntone : |
Chloé Sanchez est une jeune auteure de documentaires et de créations radiophoniques. De septembre 2012 à juin 2013, elle a travaillé comme « assistante réalisatrice » pour Là-bas si j’y suis, l’émission de reportages et d’enquêtes sociales de France Inter. Tandis que s’approche le 25ème anniversaire de cette émission emblématique, et l’âge de la retraite de son producteur Daniel Mermet, il a germé en Chloé l’idée de garder une trace de la mécanique quotidienne de celle qu’on appelle familièrement « Là-bas ». Elle a donc osé poser un enregistreur de poche dans les studios.
À la demande de Syntone au moment de notre campagne de soutien, Chloé a accepté de monter ses rushes, et nous offre ce « Juste avant Là-bas », un reportage au suspense haletant, en même temps qu’un document extraordinaire sur la fabrique d’un type d’émission radiophonique en voie de disparition. En quoi consistait exactement ton travail pour Là-bas si j’y suis ? Chloé Sanchez : En tant qu’assistante réalisatrice, je m’occupais d’abord de la programmation musicale. Pour chaque émission, je devais dénicher, puis monter, une dizaine de chansons en relation avec le sujet, dont une ou deux seulement seraient diffusées. Je devais également trouver un habillage sonore spécifique : on appelle cela des « boucles », sortes de « tapis sonores » qui accompagnent les interventions au micro de Daniel Mermet ou les séquences de reportages. Ensuite je m’occupais de trouver et de monter les « archives » – extraits de l’INA, objets sonores en tous genres, toutes sortes de sons qui pouvaient documenter, approfondir un sujet, le mettre en relief, souligner un propos (mais en faisant gaffe de ne pas tomber dans l’illustration), apporter un contrepoint humouristique ou poétique… J’en proposais une dizaine selon les sujets, et quelques-uns étaient diffusés – ou parfois aucun. Pour finir, j’éditais ce qu’on appelle les « ambiances ». À partir des prises de son des reporters, je montais des ambiances de nature, de ville, de bar, de voiture etc. qui étaient utilisées aussi comme tapis sonores pour les « micros » de Daniel (donnant cette impression qu’il est dans le reportage, tout en étant en direct dans le studio) mais qui permettent aussi de faire des raccords entre les différentes « matrices », c’est-à-dire les séquences de reportage. Car il faut préciser que l’émission est « en kit ». Le ou la reporter arrive avec une dizaine de « matrices » déjà montées, qu’il faut retravailler après écoute avec Daniel et la réalisatrice. Une heure avant l’émission, nous écoutons la liste des chansons, boucles, archives et ambiances que j’ai préparés. Puis vient le moment du « conducteur », c’est-à-dire que nous décidons de l’ordre des matrices et de ce que l’on met entre : c’est cela que vous pouvez écouter dansJuste avant Là-bas. Ce mode « en kit » permet que la structure soit flexible, d’improviser même en direct, tout en proposant un contenu élaboré avec un travail peaufiné sur les sons, le rythme, etc. Ça, c’est en amont du direct. Pendant le direct dans la régie, je devais caler les différents éléments que j’avais préparés et les faire écouter au technicien. La réalisatrice, en chef d’orchestre, indiquait au technicien comment et quand envoyer les éléments. Pendant ce temps, je calculais le temps qu’il nous restait. Le plus souvent, nous étions trop longs, je devais donc prévenir la réalisatrice et le reporter pour savoir quel élément supprimer ou réduire. Très souvent, il m’arrivait de remonter certains éléments en direct pour finir à l’heure. Une fois l’émission du jour terminée, il n’y avait plus qu’à recommencer pour le lendemain… Est-ce que ça a été facile de poser un enregistreur dans les studios ? Ça n’a pas vraiment été un problème. Sauf d’y penser, car j’avais plein d’autres choses à faire. Je demandais toujours la permission, tout en allumant en même temps l’enregistreur. Parfois, on me répondait « tu fais chier, Chloé », mais jamais de non, alors je laissais tourner… Qu’est-ce qui a motivé l’idée de ces enregistrements, puis la réalisation de cette pièce ? J’avais l’impression de participer comme témoin à un petit bout de l’histoire de la radio en France. Malgré toutes les polémiques, on ne peut pas contester le fait que Là-bas si j’y suis a beaucoup apporté au paysage radiophonique, et a eu une grande influence. Sur plusieurs plans d’ailleurs. Mais ce qui, moi, m’a intéressée le plus, c’est sa forme. Ce que j’aime avec la radio, c’est cette proximité avec l’auditeur, or le direct permet encore plus ce rapprochement. C’est vivant, chaud. Mais Là-bas est une émission totalement à part. La plupart des émissions de direct manquent de finesse, tout est morcelé, le rythme et la musicalité sont bien trop souvent banals. A contrario, le reportage ou le documentaire, du fait qu’ils soient en « PAD » (prêts-à-diffuser), sont bien léchés et travaillés dans leur globalité, mais il n’y a pas de place à l’improvisation, à l’imprévu, à cette magie du direct. Mermet et ses collaborateurs ont trouvé le moyen de combiner les deux. Je ne pense pas qu’une autre émission aujourd’hui pourrait avoir les moyens de réaliser une telle forme. Là-bas si j’y suis va disparaître un de ces jours, et il fallait que j’en garde la trace. [NDLR : En février dernier, invité au festival Longueur d’ondes, Daniel Mermet avait fait la surprise de diffuser Juste avant Là-bas en avant-première, durant la soirée qui lui était consacrée, rendant un bel hommage à la façon dont Chloé Sanchez a su capter l’ébullition de Là-bas si j’y suis. On peut écouter ce qu’il en dit à partir de la minute 48’37.] |
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